« Un survivaliste traditionnel, xénophobe et complotiste », France Culture, 2018.
Vraiment ?
Vous me connaissez partiellement à travers mes vidéos, que je propose depuis quelques années.
Mais voici mon parcours pour mieux me connaître.
Je suis né dans la première moitié des années 90. Enfant de mon époque, j’ai grandi comme la plupart des petits français dans une société qui montrait déjà les prémices de son état actuel. D’ailleurs, signe que le temps passe, ma mère imaginait en m’ayant bébé dans ses bras le jour où je devrais partir pour le service militaire.
En ce temps là déjà, le Mur, l’URSS, la guerre froide appartenaient au passé. La crise pétrolière du début de la décennie alertait sur notre dépendance au énergies fossiles, mais rien de bien nouveau depuis les années 70. Les « 30 glorieuses » n’était déjà qu’une période révolue, et ainsi les sujets de société me manquaient pas, et ne manquèrent jamais plus. Chômage, précarité, insécurité, consommation, pollution, américanisation, consumérisme, mondialisation, immigration, Europe, guerre en Irak, guerres civiles des Balkans, guerres par ci par là, le monde moderne évoluait vers sa forme actuelle.
Le bug de l’an 2000 fit couac, mais un événement majeur pour un Occident atlantiquo-centré posait les bases des nouvelles menaces d’avenir pour politiques, médias et populations, un jour de septembre 2001.
Bref. Quand on est enfant tout ça importe peu, et semble si lointain aujourd’hui.
Je vivais dans un petit village cerné de champs, avec son église, sa rivière et son lavoir. Je me souviens avoir dépensé quelques Francs à la boulangerie, après l’école. Je passais du temps à explorer la campagne, la forêt, les alentours de la longère familiale. Les cabanes, les menhirs oubliés, les souvenirs de châtaignes sautées au feu de bois par le paternel, les sorties pêches ou balades, la maison d’un autre siècle sont toujours là, quelque part en moi. Cela a sans doute généré chez moi un goût pour l’aventure. Je lisais de tout, lisais beaucoup, et ce qui avait trait à la nature et à la « survie » me passionnait. Les « copains des bois » et autres histoires de Robinson faisaient mon bonheur au coin livres de l’école.
Jusqu’au jour où le « SAS Survival Handbook » de John Wiseman me tomba dessus, un cadeau. Une révélation. Nous devions être autour de 2005. J’imagine vers 2005, car j’ai encore ce livre, tout corné mais précieusement stocké. La survie, les techniques, les kits, les animaux, la cuisine… La démerde en milieu naturel quoi, tout y était. Ma passion, ma voie, était trouvée déjà gamin.
Cette période coïncide pour moi avec un grand changement. De milieu, de rythme, d’environnement, de vie. La campagne était désormais un souvenir, notre famille ayant dû s’installer en ville. Pas une mégalopole certes, n’exagérons rien, mais tout de même une grosse ville de province comme notre pays en porte dans chaque département.
L’adolescence se passa, tout en ayant en tête des rêves d’évasion, que seules les vacances familiales permettaient. Internet, si riche d’informations, apparu chez moi et me permit de développer mes connaissances. Forums, blogs, vidéos, tout y passait pour apprendre, découvrir et se former. De la survie en milieu naturel, couplé à ma vie urbaine, découla ma découverte du survivalisme. Enfin un concept, une idée, un état d’esprit me correspondit.
2010. Volwest, Esobook et d’autres émergent. San Giorgio sortira « Survivre à l’effondrement économique » l’année d’après. Le survivalisme à la francophone était lancé. Ces trois hommes m’ont grandement inspirés, comme ils inspirèrent des milliers de personnes, et ils continueront à le faire par la suite.
Dans notre société de flux tendus et de consommation, d’insouciance et de frivolité, dénuée de respect pour la Nature notre mère, le Survivalisme a de quoi dérouter. « Le Surviva-quoi ? Ah oui, ceux qui se préparent à la fin du monde ? Je l’ai vu à la télé ! »
2012. La fiiiin du moooonde tant attendue et la médiatisation massive du survivalisme et des preppers continuera d’enfoncer le clou. La préparation, c’était pour les fous.
Pourtant, ma vision du survivalisme, comme pour beaucoup, est bien différente.
Oui, il existe des risques. Des risques majeurs, des risques naturels, personnels. Des crises de toutes gravités. De l’accident de vélo à l’effondrement.
Non, ce n’est pas un délire paranoïaque que d’y penser. Que de prévoir en cas de problème. Simplement de la prévoyance, du bon sens, du pragmatisme, de l’anticipation. Etre un homme responsable. Comme l’Homme l’a toujours été, jusqu’à l’émergence de cette société malade. Comme nos anciens, il s’agit simplement de préparer l’Hiver.
Mon propos est de réussir à faire coïncider deux objectifs. Comment faire face à toute merde potentielle à l’AVENIR, tout en vivant mieux AUJOURD’HUI, avec moins d’impact, moins de consommation, et être plus heureux et épanoui.
Faire face à la merde, cela passe sans doute par le développement de notre résilience individuelle. Comment ? Pour certain ce sera par le prepping. Un risque = une préparation, qu’elle soit matérielle, logistique, organisationnelle, mentale, formative… Tout en continuant sa vie de tout les jours, qui changera peu dans l’ensemble. Au cas où, on sera prêt à faire face.
Pour moi, développer sa résilience ET améliorer sa vie passera par une autre démarche : chercher plus d’indépendance. À tout niveau. La liberté et l’autonomie portent en elles ce fort sentiment d’apaisement et d’accomplissement, tout en assurant de pouvoir faire face, car elles réduisent nos liens et notre dépendance au système.
Toutefois, quand on est ado, sans expérience, avec une vision critique en la société et pessimiste de l’avenir, il est compliqué de construire tout ça. Pas facile de construire un bunker ou une ferme autonome avec son argent de poche. On se sent démuni face à la société, aux risques, à l’avenir, à notre propre avenir. Et le risque majeur, à défaut d’effondrement ou de virus zombie, serait de baisser les bras, de ne pas agir, de s’enfoncer dans l’inaction. De devenir le zombie tant redouté.
Initialement, paumé comme des milliers de jeunes, j’avais suivi un BEP restauration, par affection pour la gamelle mais aussi par défaut et en espérant simplement me garantir un revenu plus tard, sous pression d’un système scolaire étatique réduit au rôle de créateur de main-d’oeuvre. Mentalité dépassionnée et aliénante au système au possible.
Après une période difficile post pilule-rouge, comme vivent tous ceux qui par exemple découvre aujourd’hui la collapsologie, j’entreprends de reprendre des études. En quelque sorte, le survivalisme m’a motivé, en me permettant de me fixer des objectifs et une vision à long terme.
L’idée qui me vint ado fut la suivante. Pourquoi ne pas apprendre des métiers, développer des compétences, acquérir des savoirs-faire, qui serait utiles d’un point de vue survivaliste ? Qui plus est (et c’est le plus important) utile dans notre société, dès aujourd’hui ? Qui plus est, qui m’assureraient résilience financière, autonomie familiale et connaissances pour ma vie future ?
Ainsi, je fis plusieurs formations, au long de plusieurs années, au gré de mes choix et envies. L’alternance me permit de mettre de l’argent de coté par le travail.
Premièrement, j’obtenu mon bac (papier aujourd’hui obsolète et inutile s’il en est) en apprenant le métier de maraîcher. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, ou qui pensent à des marais (oui oui on m’a déjà fait le coup), disons plutôt paysan, spécialisé en légumes potager. Mon objectif à long terme étant la ferme autonome, ou « BAD » pour les plus déters d’entre vous, voilà des connaissances qui m’assureront potentiellement nourriture et revenus.
Parallèlement, au niveau de mes passions, bushcraft, rando et tir de loisir allaient bon train, apportant évasion vitale et compétences utiles. Le tir à l’arc et un sport de défense furent également pratiqués.
Par la suite, je pris la décision de rejoindre les drapeaux. Pas de la manière dont vous pensez, mais sous les couleurs de la réserve opérationnelle. Mon engagement ne se fit pas suite aux attentats comme beaucoup de jeunes ne se découvrant patriotes qu’alors, mais en amont. Pour moi qui regrettais le service militaire, voire même une forme de société composée de citoyens-soldats, tous réservistes, j’adorais.
Voilà une organisation compatible avec ses études, qui occupe certes weekend et vacances mais qui apporte des compétences utiles sur le plan de la défense, des armes, de la vie sur le terrain, du secourisme de combat ; qui offre un soutien matériel ; qui permet des rencontres et de goûter à de la vraie camaraderie ; qui nous remplit d’un sentiment d’utilité et de l’honneur de servir ; et offre même une petite rémunération à épargner pour notre préparation.
Pour un jeune homme, que du positif.
Toutefois, après 3 ans d’engagement et plusieurs mission intérieures, je pris la décision de quitter la Grande Muette pour me concentrer uniquement à mes nouvelles études (oui encore). Je salue par ailleurs tous ceux qui m’ont connu et me liraient par hasard.
Ainsi, j’ai repris des études et ai obtenu une licence trois ans plus tard. Pas un truc d’informatique ou de comptabilité hein, un truc utile aujourd’hui et à l’avenir, quoi qu’il arrive, puisque je suis désormais infirmier.
Les soins techniques, assurer des premier soins d’urgences ou prendre soin d’un proche à long terme, tout cela fait parti désormais de mes savoirs-faire.
Quoi de plus beau, rassurant, responsable et gratifiant que tout cela, que de se savoir capable de prendre soin de sa famille, grâce à ses savoirs-faire et son approche survivaliste ?
D’être capable de protéger la Vie par la bouche ou par le soin ? Que d’assurer la sécurité du foyer par le travail ou par les armes ?
Tout cela, c’est le survivalisme qui me l’a apporté, en me construisant et en me motivant.
En 2016, je pris l’initiative de créer ma propre chaîne YouTube, pour partager avec le plus grand nombre mes passions, idées, état d’esprit et avancées personnelles, en espérant vous aider dans vos propres préparations et vies de survivalistes. J’espère, depuis, y parvenir au mieux, et que vous me connaîtrez un peu mieux après votre lecture.
Aujourd’hui, tout en continuant à apprendre, à découvrir, à sortir dans la Nature et à partager, je suis intéressé par l’exploration de nouveaux modes de vies et d’habitats alternatifs, toujours dans une optique d’autonomie et de résilience. Pour moi, l’objectif à long terme sera de bâtir ma propre ferme autonome, isolée quelque part.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout ! Bonne visite du site.
Vik.