En bivouac, les conditions climatiques du moment sont déterminantes pour notre niveau de confort et surtout pour nos chances de survie. La principale cause de mortalité dans la nature étant l’hypothermie, même l’été, il faudra connaître les bonnes techniques et avoir les bons réflexes pour mettre toutes les chances de son coté en cas de situation d’isolement imprévu.
Notre priorité sera donc la régulation thermique.
La célèbre règle des 3 rappelle que nous ne pouvons survivre que 3 heures sans régulation de notre température.
Même avant l’hypothermie sévère, les erreurs de jugement, la perte de motricité fine et les engelures sont des risques à ne pas négliger, réduisant déjà nos chances de survie.
Vraiment, bivouaquer en hiver sans le matériel adapté sera très difficile (physiologiquement comme psychologiquement) et très dangereux.
Matériel minimum & 5C
On ne s’aventurera jamais sans matériel de survie/bivouac, en plus de moyens d’alerte (téléphone, radio VHF…)
À défaut d’avoir prévu les quelques simples éléments suivants, on tachera de les récupérer ou de les improviser.
Ainsi, les 5C permettront de monter son bivouac : avoir de quoi se Couvrir (poncho, bâche, tarp, tente, couverture de survie, sac de couchage, sacs poubelles…) et de quoi se Chauffer (briquet, allumettes, firesteel, allumes feu, réchaud, bougies, etc) sera vital.
Avoir de quoi Couper (couteau, scie, hachette…) et de la Corde (ficelle, lacet, lanières, suspentes…) faciliteront également beaucoup la construction d’un abri d’urgence.
En effet, improviser une surface étanche ou un cordage avec des matériaux naturels et faire un feu de manière primitive demanderont beaucoup de temps, de ressources, de chance et de connaissances et de compétences. Temps que nous n’avons pas.
Avoir un Contenant sera moins urgent mais permettra de faire bouillir de l’eau ou fondre de la neige pour s’hydrater plus tard, une fois à l’abri du froid.
RECC & refroidissement
Le froid et la chaleur se transmettent par Radiation (ex : infrarouges du feu ou du soleil), Évaporation (transpiration), Conduction (contact entre deux éléments = échange de calories du plus chaud vers le plus froid) et Convection (vent, air chaud de l’intérieur d’un vêtement qui monte vers l col…).
Connaissant ces mécanismes, nous prendrons garde à nous abriter et nous isoler de tout matériaux froid et humide et de tout courant d’air (tout en gardant une ventilation dans l’abri) et à rester au maximum au sec, la conduction thermique de l’eau étant 32 fois supérieure à celle de l’air.
De plus, il faudra évidemment bien se couvrir, avec un soin tout particulier pour les zones du corps connues pour se refroidir vite : tête, cou, pieds et mains… De même, les zones avec de grosses artères en surface (aines, aisselles, carotides) peuvent faire perdre beaucoup de chaleur si elles sont exposées.
Choix du lieu de bivouac
C’est le terrain qui commande, et la situation du moment pourrait limiter vos choix.
Il est possible que vous disposiez déjà d’un abri, même perfectible : véhicule en panne, carcasse d’avion, cabane abandonnée… Le choix du lieu de bivouac sera soumis aux principes habituels : éviter branches ou pierres qui risquent de tomber, les passages d’animaux, la proximité de l’eau…
Dans nos conditions, gare à ne pas se mettre dans une cuvette ou une pente (le froid descendant) ni en plein vent comme au sommet d’une colline. Le sol devrait être dégagé, plat, sec, souple afin de faciliter l’installation de l’abri. L’installation à proximité de ressources, comme du bois pour le feu sera favorisée.
Abri d’urgence sans feu.
Certains abris sont installables rapidement et n’importe où, avec matériel emporté ou improvisé, ou matériaux naturel. Sans pouvoir avoir un feu, les abris les plus performants seront les suivants :
La tortue : Sans pour autant fournir un véritable abri pour la nuit, cette technique permet de s’abriter quelques heures tout en se réchauffant un peu. Elle nécessite un couvrant (couverture de survie, poncho, bâche…) et une source de chaleur, comme des bougies chauffe-plat ou un réchaud, même artisanal.
Asseyez vous sur un isolant du sol, comme votre sac, un tas de déchets secs ou une corde lovée, les jambes pliées devant vous pour vous mettre en boule. Recouvrez vous entièrement de la couverture de survie (coté argenté vers vous, comme d’habitude), et allumez la bougie entre vos pieds. Réchauffez vos mains, ouvrez votre veste pour vous réchauffer plus vite.
l’Abri « cocon » : Abri de survie le plus connu, il s’agit du plus protecteur et offrant le maximum de chance de survie si vous n’avez pas de feu ni de bache/abri. L’idée est d’avoir un cocon végétal très proche du corps pour garder votre chaleur.
On fait un matelas végétal, on monte un trépied à hauteur de ceinture et on pose une perche égale à notre taille avec le bras en l’air.
Sans foyer, on fermera l’abri entièrement pour conserver la chaleur, et ferons une petite entrée au pied, un peu comme un igloo. On recouvre le tout de branches, classées par taille pour recouvrir l’ensemble de la structure, en créant une pente de plus de 45°.
Enfin, on recouvre l’abri d’une couverture végétale la plus épaisse possible, pour être abrité de la pluie et du froid. L’intérieur doit être complètement obscur. Une fois blotti à l’intérieur, vous pouvez reboucher l’entrée avec quelques débris végétaux pour conserver un peu plus d’air chaud, avant de passer une dure et courte nuit.
Le nid : Faites un gros tas de débris végétaux comme pour un matelas, en vraiment épais. Recouvrez le d’une bâche s’il est humide et utilisez une seconde bâche comme couverture, bien fermée sur tout le tour, pour vous abriter. Le matelas fera le gros du travail isolant, mais la bâche/couverture emprisonnera votre air chaud sur le matelas et vous protégera du vent et de la pluie ou neige. Ça fonctionne à plusieurs personnes, tout dépend de la taille du nid.
Abri de neige.
La neige étant un bon isolant, vous pouvez ajouter des murs de neige autour de vos abri. À condition qu’ils soient solides et imperméables, vous pouvez également les recouvrir de neige. Voici un abri très simple en neige :
Abri fosse : Creusez dans la neige une tranchée de la taille d’une personne. Recouvrez de branches, skis, barres, tuyaux… n’importe quoi de rigide. Ajoutez une couverture sur cette toiture de fortune si possible (branches de sapin, bâche…), puis recouvrez de neige (attention au poids). Isoler le sol de votre tranchée pour pouvoir vous y glisser, à l’abri du vent et de la neige. Vous pourrez fermer l’entrée (en gardant une ventilation) et avoir une petite flamme à l’intérieur pour gagner quelques précieux degrés, bougie(s) ou réchaud.
Vous pouvez aussi vous abriter au pied d’un sapin, la neige ne sera pas si haute à cet endroit car retenue par les branches basses. Une fois glissé dans ce trou, vous pourrez remonter de la neige des parois pour l’agrandir et fermer le tour, avant de vous y installer comme dans l’abri fosse.
Abri avec feu :
L’appentis : Avec une construction naturelle ou n’importe quelle surface étanche (tarp, poncho, couverture de survie, bâche de camion, nappe de grand-mère…) on montera un abri à un pan ou plus complexe, comme un « demi-tipi » ou « diamant »… Simpliste, grand ouvert, mais rapide à monter, il protège de la pluie, de la neige et du vent si bien orienté, et le feu vous réchauffera de pleine face. Faites vous un épais matelas. Attention au flammes près de votre matelas, vous voulez avoir chaud mais pas à ce point ! Un réflecteur placé derrière le feu, comme souvent vu, n’apportera pas un gain de chaleur significatif même s’il peut couper le vent rentrant de face.
Variante : la serre. À condition d’avoir une grande bâche plastique transparente on pourra doubler presque hermétiquement la face avant de l’abri. Placée entre le feu et le fond de l’abri, un effet de serre réchauffera l’intérieur et emprisonnera l’air chaud.
Le four : Idéal pour un groupe. L’idée est d’avoir un feu central, autour duquel plusieurs appentis formeront un cercle. La chaleur sera diffusé à 360° (c’est pas un peu chaud ?) à chacun. Il faudra faire un triangle, mais carré, pentagone ou hexagone seront possible selon la taille du groupe.