Après réflexion, beaucoup de survivalistes font le choix d’adopter une ou plusieurs armes à feu dans leur préparation, ainsi que les compétences nécessaires à leur maniement. Seulement, l’univers des armes peut paraître vaste, voir occulte au néophyte en quête d’un type d’arme, d’un système et d’un calibre adapté à ses besoins. Bien que l’arme à feu ne soit qu’un outil au service de notre accès à la nourriture, de notre sécurité, voire au maintien de notre liberté, chaque configuration aura un rôle propre et une spécialité attribuée.
Certes, le concept d’arme de survie n’est plus tout jeune, l’exemple le plus célèbre étant la Springfield M6 Scout, une carabine mixte .410/.22LR, développée pour l’U.S. Air Force et remise au goût du jour chez Chiappa via la Double Badger (une version avec crosse en bois mais dans les mêmes calibres) ou la M6/X-Caliber, version dopée en calibres 12 ou 20/.22LR.
De nombreux modèles existent et ont existés, mais nous nous concentrerons aujourd’hui sur les armes mono-canons, système de base qui semble toujours pouvoir jouer un rôle dans de nombreuses situations de survie. Avant de parler de leurs caractéristiques, parlons calibres.
Lorsque l’on questionne des survivalistes sur leurs calibres favoris, presque tous placeront les calibre 12 et .22LR en tête de liste. Les raisons sont variées mais claires : ces munitions étant parmi les plus produites, disponibles et consommées au monde, l’approvisionnement est plus facile et moins onéreux qu’avec d’autres calibres. En situation dégradée, il semble plus logique de se procurer plus facilement des cartouches pour des armes chambrées dans ces calibres que dans des calibres exotiques, bien moins demandées et stockés.
Le calibre 12 est reconnu par tous pour sa puissance et sa très grande polyvalence, permettant la chasse de tout gibier à poil et à plume, du moineau à l’ours, tout comme la défense ou le combat, simplement en adaptant l’arme et la cartouche à la situation et au besoin. Un calibre « boite à outils » pour les courtes distances, très souvent préféré aux autres cartouches pour fusil à canon lisse, plus rares, plus chères et moins puissantes, comme les calibres 16, 20, et .410 pour ne citer que les plus communs.
La .22 Long Rifle, munition pour armes à canon rayés, est compacte et économique, ce qui autorise la création de stocks à quatre chiffres dans de tout petits espaces ou le transport de centaines de coups sur soi. Les projectiles étant bien souvent en dessous de la vitesse du son (munitions subsoniques), le tir avec modérateur de son est possible sans trop se ruiner, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses situations dans lesquelles tirer silencieusement est préférable tactiquement. Son absence de recul est par ailleurs parfait pour initier un débutant au tir sans le stresser, ou pour s’entraîner au tir sans se fatiguer ni casser sa tirelire. Munition lilliputienne de 5,6x15mmR, serait-elle pour autant anémique ? N’oublions pas que ses 140 joules minimum suffisent pour le tir à l’affût de petits animaux (munition réglementée à la chasse actuellement), et bien que peu adapté à la défense en raison de sa faible balistique terminale, certains services tel que l’OSS usait de .22LR pour les assassinats. Plus récemment, les tireurs de précision tchétchènes harcelaient les lignes russes à la .22 pendant les guerres de Tchétchénie, tandis que l’armée israélienne a adoptée des carabines Ruger 10/22 pour le sniping urbain « moins-létal ».
Peut-être ferez vous le choix original d’intégrer d’autres calibres que le 12 et le .22 à votre batterie d’armes, mais pour l’exemple continuons avec ces deux frères complémentaires. Une fois ces calibres définis comme les plus pertinents, nous pouvons nous pencher sur la plate-forme qui les chambrera, et c’est ici que l’idée d’investir dans une arme mono-coup (entre autres) débarque.
Leur premier avantage est leur faible coût. Arme simple et basique, deux fusil mono-canons peuvent même parfois coûter moins qu’un seul fusil à double canon de même qualité, soit moins de 200€ neuf. La problématique du budget serré étant monnaie courante chez beaucoup, ce bon point est à noter.
Leur deuxième avantage est leur légèreté, ces armes épurées pouvant passer sous la barre des deux kilogrammes, idéal pour les porter des jours durant. Les chasseurs et militaires vous le diront, nous passons tout de même plus de temps à porter notre arme qu’à tirer et une arme légère est souvent plus qu’appréciable, même si cela se paye avec un recul majoré.
Troisièmement, leur compacité pour le transport, la plupart se pliant ou se démontant rapidement, permettant de dissimuler une arme longue dans un sac à dos sans souci. Idéal pour se libérer les mains, transporter une arme supplémentaire ou ne pas éveiller l’attention…
Concernant les fusils, des avantages sont d’ailleurs communs aux fusils à double canon : rusticité, fiabilité, simplicité… Les fusils basculants sont connus pour leur grande durabilité et leur entretien aisé. Un fusil basculant, à 1 ou 2 coups, acceptera également des cartouches réductrices de calibre, permettant le tir d’autres munitions et renforçant encore plus sa polyvalence.
On compensera leur unique cartouche par des dispositifs permettant un rechargement plus rapide, comme le choix d’une arme à éjecteur, ou la pose d’une cartouchière de crosse. Certes, leur principal défaut est leur seule cartouche, surtout lorsque l’on compare avec la capacité d’un fusil à pompe ou d’une carabine à chargeur, auquel cas certains répondront que disposer d’un seul coup augmente inconsciemment la concentration, donc la précision. De plus, nous pourrions considérer que dans la majorités des cas, un seul coup de douze peut suffire.
Les fusils mono-coup les plus connus et à privilégier sont :
1 – L’incontournable et increvable fusil russe IJ18 de chez Baikal, à marteau interne
2 – Les fusils américain H&R
3 – Le Pomba (mon choix), très bonne copie des H&R produite par le brésilien Rossi, un choix économique.
4- Ou le jeune modèle français Solo de Verney-Carron.
Tous à l’exception du Baikal sont à marteau externe. Personnellement, j’apprécie les armes en simple action, à chien extérieur, car bien qu’il faille l’armer avant le tir ce système permet d’évoluer en milieu naturel avec une cartouche chambrée sans risque. De plus, cela simplifie le mécanisme et assouplit la bascule. L’ouverture et la fermeture étant plus facile et très souple (le canon s’ouvre tout seul en pressant un bouton, et éjecte l’étui vide), le rechargement est pratique et très rapide.
Concernant les carabine en .22LR, le principal modèle disponible actuellement est la Chiappa Little Badger. Fiable, précise, légère, customisable et compacte, elle est par ailleurs la carabine neuve la moins chère du marché français.
Bien que presque parfaite avec ses 1kg500 pour 150€, le défaut principal de la Chiappa Little Badger est ses organes de visée en plastique moulé de mauvaise qualité, inspiré de ceux d’une USM1, pleins de jeu et de bavures. Passé 50m, la hausse sera obscure et imprécise, et le tir approximatif. Heureusement, elle groupe tout de même dans le noir, ce qui est suffisant pour du petit gibier ou de la défense, et propose l’alternative du montage d’une lunette, red-dot, laser ou optique de votre choix en complément.
En revanche, la détente est excellente, légère et délicate, grâce au départ en simple action du marteau externe. On a vraiment du plaisir à tirer avec cette mini 22.
Je ne parle que des armes neuves, mais le marché de l’occasion regorge de vieilles carabines de jardin ou de carabines à verrou mono-coup de tout calibre, des armes bien souvent française qui ne demandent qu’à être restaurées, héritage de notre noble passé armurier.
Pour résumer, par sa grande robustesse, sa légèreté et son faible coût, une arme à un coup trouvera sa place dans des expéditions au long cours dans des zones reculées, comme arme de secours et de survie dans des kits de décentralisation ou d’évacuation, comme arme d’initiation, ou tout simplement comme arme principale de chasse, tir ou défense chez les plus petits budgets. Bien qu’une plate-forme plus onéreuse, à plus grande capacité en munitions et à meilleure cadence de tir, sera préférée pour des besoins plus poussés (comme un fusil à pompe ou une carabine .22 à verrou), un mono-canon pourra convenir à beaucoup de pragmatiques, la jugeant suffisante pour la plupart des tâches demandée à une arme longue.
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